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Hommage aux sages, hommage a ma Grand-mam

  • Writer: Mamzelle Arsenski
    Mamzelle Arsenski
  • Apr 15, 2020
  • 5 min read

Updated: Apr 16, 2020

Ce texte se veut un hommage à tous ces sages qui ont croisé mon chemin et qui m’en ont appris un peu plus sur la vie, bien humblement… Je vous en remercie. Quand j’utilise le mot SAGES, je fais référence à ces personnes d’âge mûre (d’âge doré) d’une sagesse acquise de par leurs expériences et leur vécu, qu’on peut aussi appelés nos aînés. Ce sera aussi un vibrant hommage à ma grand-mère...



J’ai eu cette chance, cet honneur d’être élevée en partie par ma grand-mère et je crois bien que cet aspect de mon enfance fait de moi la personne que je suis maintenant. Elle m’a appris sur tant de choses de son temps, d’enseignements à sa manière qui me servent encore aujourd’hui. Elle m’a surtout appris à démontrer l’amour, l’affection et à redonner au suivant. C’est grâce à elle que j’ai connu très jeune le bénévolat, et que j’ai pu l’observer à offrir son aide auprès de gens dans le besoin. Elle m’a initié à être bénévole pour les personnes âgées et les patients en gériatrie de l’hôpital à Lévis. Elle et ses amies ont réellement été un exemple pour moi et j’avoue que ces expériences avec ces sages dames sont de si beaux souvenirs gravés dans ma mémoire. Dès ma première journée de bénévolat, j’ai réalisé à quel point je pouvais redonner le sourire ou mettre de la joie dans la journée de personnes aînées. Ce bonheur qu’elles avaient toutes de me raconter de moments si précieux de leur vie, de me partager des souvenirs marquants et du même coup de m’en apprendre sur la vie. Encore aujourd’hui, je réalise le privilège que j’ai eu et surtout à quel point c’est important de poursuivre cette mission quand je le peux. Tendre l’oreille à ces personnes qui ont tant à raconter, qui ont vécu beaucoup de choses et qui méritent qu’on les écoute, qu’on prenne soin d’eux.

Cette dernière phrase prend tout son sens en ce moment déstabilisant, voir incompréhensible lorsqu’on entend ce qui semble se passer dans certaines résidences… Comme plusieurs le savent, les larmes me viennent vite lorsqu’on parle de sujets particuliers et celui des personnes âgées en est un. Je me retiens depuis quelques jours et j’ai la boule au cœur lorsque je lis certaines histoires vécues en ce temps de pandémie. Je ne peux m’empêcher de me mettre à la place de ces familles qui vivent des moments parfois inhumains, insensés et crève-cœurs. Je n’ose pas trop imaginer à quel point je serais hors de moi si j’avais dû vivre les derniers moments de ma grand-mère durant cette période. Je crois qu’il est maintenant temps de te parler de cette deuxième mère, ma Grand-Mam (prononcer Gran-Man).

Dame Yolande Carrier, mariée à Jacques Arsenault qui devint Madame Carrier-Arsenault. À ce que je me souviens, elle tenait à conserver fièrement son nom de jeune fille. Elle a donné la vie à deux merveilleux enfants dont ma mère et elle a vécu la terrible perte de son mari, quelques années après la naissance du dernier. Ma rencontre avec Yolande, en 1984, fût assurément bien importante à ses yeux. Autant j’ai su qu’elle avait élevé ses deux enfants de façon assez stricte, autant elle allait me réserver une toute autre approche. Ce fût réellement la belle grand-maman gâteau rêvée. Je peux vraiment affirmer que j’ai été amplement gâtée pourrie de présents que d’amour. Elle a vraiment toujours été là quand j’avais besoin, pour passer du temps avec elle ou quand, j’avoue, je demandais un moment magasinage ou même dépannage d’argent de poche. Ce qui me touche beaucoup c’est que j’aurai eu la chance d’habiter avec elle durant les dernières années de sa vie. Elle m'avait accepté comme coloc après mon passage difficile à Montréal. C’est grâce à ce moment auprès d'elle que j’ai pu observer les premiers signes, qui allait se révéler un cancer au cerveau. Ce fût donc pour nous, petite famille de 4 humains, un tremblement de terre émotionnel et surtout une bataille féroce contre ce vilain monstre. Elle s’est battue à l'aide de la radiologie et elle a reçu tous les soins possibles du CLSC et de l’hôpital mais ce cancer fut plus fort. Je dois te le préciser, ce damné monstre de maladie avait effacé sa mémoire, endommagé sa tête et je souhaitais tellement qu’elle puisse quitter ce monde sans souffrance et sans peur/incompréhension. Elle s’est éteinte le 7 octobre 2004 auprès de ses enfants, moi on m’avait « épargné » de cette épreuve. Je l’avoue maintenant, le deuil fut plus long à faire à cause de cela mais je l’assume totalement maintenant, le deuil est fait, oui et non. Je la considère toujours près de moi, je lui parle souvent et j’essaie de me dire qu’elle est beaucoup mieux maintenant là-haut auprès de l'amour de sa vie et avec surement plusieurs amis...

Quand je pense à toutes ces personnes qui actuellement ne sont plus totalement conscientes, qui sont dans des états que j’appelle flous et qui tentent de comprendre ce qui se passe et surtout où sont les proches, la famille… Et quand je pense à ces membres de famille qui ont le cœur brisé de ne pouvoir être plus présents, de réaliser que les précieuses parcelles de mémoire s’envolent et qui ne peuvent tenter d’adoucir cette situation unique qu’on peut aussi qualifier de stressante… Oui les larmes montent.

Déjà que je ne n’ai pu moi-même être autant présente que je l’aurais voulu lors des derniers jours de ma grand-mère… Crois-moi, le deuil devient encore plus difficile à faire lorsqu’on se culpabilise de n’avoir pas été assez là, de ne pas avoir partagé notre amour à cette personne qu’on aime tant et vivre ces tristes moments en tenant du moins, sa main.

Comme je le mentionnais tantôt, je pense tellement fort à toutes ces familles qui vivent ces moments intenses, hautement émotifs, qu’on qualifie de crève-cœurs. Ces personnes d’âge mûre, qui ont vécu surement une tonne d’événements avant nous, qui ont travaillé très fort toute leur vie, et qui arrivent à leurs dernières années sans peut-être avoir tous les soins, toute l’affection souhaitée…


Disons que ce texte se veut aussi un cri du coeur à tous ceux qui peuvent faire une petite différence, à ceux qui peuvent permettre d’offrir douceur et soins à ces précieuses personnes de notre société, nos sages, mais aussi un hommage à ceux qui continuent de procéder aux soins et à ceux qui offrent de petits gestes "tolérés" selon les mesures sanitaires et surement tellement appréciés de nos ainés. Je suis tellement touchée de savoir que plusieurs se déplacent au bas des balcons, près des fenêtres pour continuer de démontrer leur amour, de rassurer, qu’on ne les oublie pas. Merci à vous tous, sincèrement.

Ce texte, je souhaite aussi qu’il se rende à ceux qui ont encore des grands-parents en santé surement isolés pour protéger leur santé. Je vous invite tellement à prendre soin d’eux à distance, à faire tout ce que vous pouvez pour transmettre votre amour, votre reconnaissance et surtout à tendre votre oreille pour les écouter. Si vous saviez comme ils nous manquent une fois partis et qu’il est important d’en prendre soin en ce moment.

Merci encore Grand-Man pour tout, je peux t’assurer que je serais totalement là pour toi si tu étais encore de ce monde. XXX


Je terminerai avec la citation qu'on avait choisi pour son signet lors des funérailles. Une douce pensée à ceux qui ont perdu ou perdront un être cher durant cette crise :

"Ceux que nous ne pouvons plus voir sont plus que jamais avec nous."

(Fénelon)

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“J'avais cette envie de partager et communiquer à ma façon.”

Mamzelle Arsenski

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